29/09/2009

La première étape de Henry sur Kalonig


Jeudi 24 septembre, toutes la flotte est désormais réunie à Funchal. L’ambiance sur les pontons est plutôt décontractée mais cependant studieuse. Chacun sait que seul un quart de la course a été parcouru et que les bateaux doivent être révisés de fond en comble pour la seconde étape qui sera trois fois plus longue. Pour ma part, je me suis attelé à bien vérifier mon mat et mes safrans qui semblent avoir été les point noirs des Pogo2 lors de cette première étape.

Dix jours plus tôt, nous partions de la Rochelle par un vent d’est de 20-25 nœuds plutôt prometteur car j’affectionne particulièrement les bords de portant dans la brise. Je pars donc très confiant. Sur la ligne de départ le stress est palpable, le plan d’eau est noir de bateaux venus assister au départ de cette course légendaire. La prudence de mes concurrents me permet de réaliser un très bon départ côté comité et de passer la bouée de dégagement dans les premiers malgré un petit raté m’ayant obligé à empanner sous cette bouée pour me recaler. Nous passons Chassiron à 12 Nds sous spi de tête. La nuit tombant et le vent forcissant je repasse sous spi de capelage en confiant mon bateau au pilote. J’ai rapidement le sentiment d’être bien placé ce qui est confirme lundi 13h à la BLU, je suis 5éme avec les félicitations du comité de course !
Les longs bords de portant très rapides s’enchainent jusqu’au Cap Finistère. Les moyennes atteignent 10 Nds par jours et les surfs 18-20 Nœuds. Le speedo n’étant plus de l’eau, seul le GPS indique les vitesses ! Mon classement oscille entre 3 et 5ème et je me réjouis d’avoir trouvé le bon rythme permettant d’aller vite jour et nuit sans forcer ni rien casser. La flotte n’est quant à elle par épargnée car deux bateaux ont déjà abandonné et une quinzaine de bateaux sont ralentis par des pannes de pilotes, des safrans, des bouts dehors cassés ou des spis déchirés. J’apprendrai plus tard que peu de bateaux ont porté le spi 24h sur 24 comme moi.
Dans la nuit de mardi à mercredi, 40 nœuds sont annoncés devant le cap Finistère avec une mer très forte. Je suis donc obligé de lever le pied pour passer la nuit sous deux ris puis trois ris dans la GV suite à plusieurs enfournements dans cette mer énorme qui ne cesse de déferler. Dès que le vent molli mercredi matin, je repasse sous spi de brise. Dans cette mer encore formée, les surfs sont terrifiants. Je suis obligé de laisser la barre au pilote car je n’arrive plus à barrer sereinement lorsque le bateau tombe dans les trous entre chaque vague. La nuit s’enchaine à ce rythme effréné.
Jeudi, au large de Gibraltar, l’anticyclone commence à se faire sentir. Je commence donc à faire un peu plus d’est que la route directe afin de m’écarter de la bulle sans vent et de conserver un peu de pression. J’apprendrai plus tard que mon option dans l’est était plus que modérée par rapport au reste de la flotte. Avec deux prototypes (412 et 348) et mon collègue Mathis sur le 504, nous formons désormais un petit groupe à portée de VHF. Nous restons groupés pendant trois jours dans cette pétole très molle et comparons nos sauts de puce pour faire passer le temps. Le vent oscille entre 0 et 5 nœuds. Fini les longs surfs à 15 nœuds … Je n’affectionne que très peu la pétole mais mon classement de cinquième m’incite évidemment à conserver ma motivation intacte. D’autant plus qu’un passage à niveau a bloqué les flottes à partir du 8ème me mettant à l’abri d’une remontée massive par l’arrière. En bref, avec un peu de concentration, quelques astuces de pilote automatique pour faire avancer le bateau par 1Nds de vents et surtout très peu de sommeil, je n’ai pas perdu une longueur sur les deux prototypes que je colle depuis 3 jours. Je commence même à les agacer …
Samedi soir, le manque de sommeil se fait sentir et je m’endors 5 heures d’affilées. Au réveil, je découvre que le vent s’est levé et que mon bateau à dérivé toute la nuit (dans la bonne direction, ce qui n’est pas trop mal !). Le soleil et le retour du vent me remonte le moral pour ce dernier jour de course. L’approche de Madère semble interminable tant l’Archipel et les iles sont énormes. Je finis finalement 6ème ,40 minutes derrière mon concurrent Italien 626 qui a effectué une très belle route à l’est pour contourner l’anticyclone et une heure devant mon collègue Mathis. Comble de malédiction, ce soir les bières sont offertes au cinq premiers uniquement !

A peine la ligne d’arrivée franchis, je pense déjà à la deuxième étape. Fier de mon résultat, heureux d’avoir trouvé le bon rythme pour avancer sans casser, il me reste cependant à mieux gérer mon sommeil. Le bateau n’a présenté aucune faiblesse. Le pilote fonctionne parfaitement et a été le point fort de ma course. La longue préparation du bateau a donc payé et je suis fier du temps passé sur mon fidèle Kalonig lors du long chantier d’hiver.

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