23/05/2009

La Mini Pavois de Shebang et Marc


La Mini-Pavois 2009 était ma 2ème course, la 1ère en catégorie B (plus
de 500 milles), avec à la clé les milles de qualification pour la
Transat 6.50.

Préparation à la Rochelle:

La select terminée, j'attend 2 jours le vent portant promis par la météo et je convoie le bateau de Pornichet à La Rochelle, une quinzaine d'heures suffisent. Je file à Toulouse récupérer ma combi de survie, ma
pile à combustible et quelques cartes marines. Cette fois je m'équipe de bottes correctes et de sous-vêtements respirants. Pour le bateau, je me contente de refaire quelques surgaines sur les drisses et de sécuriser
le support de la pile.

Première étape: La Rochelle - Gijon

Le départ est donné à 15h, avec une heure de retard dans la pétole. Je prends le bon bord et sort du perthuis direct. Fabien sur le Pogo2 483, qui terminera 2eme, me largue déjà. Il m'expliquera à l'arrivée que je fais trop de cap au près, vaut mieux favoriser d'abord la vitesse. A la pointe de Chassiron, vent au nord-ouest, la flotte commence à se disperser; certains sous spi légèrement au sud de la route, d'autres dont moi, sur la route directe, voire légèrement au nord, au travers sous genaker. Je choisis le haut du cadre car nous sommes dans un régime anticyclonique, et le vent devrait avoir tendance à rentrer par le nord. Je veux aussi éviter les bulles si communes dans le sud-est du golfe. Dans la soirée, le vent poursuit sa rotation en se renforçant par le nord. Il est temps de mettre le spi. Là, je fais ma grosse gaffe de la course: je laisse le genaker sur le pont après l'avoir affalé. Dans la nuit, alors que le vent s'établira à plus de 20 noeuds (plus dans les rafales), le genaker partira à la baille dans un de mes multiples départs au tas. Mortifié par ma bourde, j'affale le spi, renvoie le génois et mets le
pilote et au dodo. Je quitte les avant-postes et glisse vers l'arrière de la flotte. Je tirerai deux leçons importantes de cette nuit. D'abord ne rien laisser sur le pont qui ne soit correctement amarré. Le genak aurait été bien mieux sécurisé à l'intérieur, et plus utile matossé au vent à l'arrière. Ensuite, quand le vent monte au portant, commencer à prendre un ris avant d'envisager de changer le spi. J'ai noté aussi que beaucoup de skippers utilisent des écoutes séparées pour le genak et le spi.

La perte stupide du genak me hante, j'essaye de positiver de manière cynique en me disant qu'il m'a bien servi, mais que les poids morts on les vire et qu'on augmente la rentabilité du rapport poids-puissance (ça c'est du management). Finalement je crois que je préfère rester négatif.Nous entrons dans un régime de vents faibles et variables avec grains jusqu'à l'arrivée. La deuxième nuit, je vois que les nuages proviennent du nord-ouest, je décide d'aller à leur rencontre au près vers l'ouest
pour trouver du vent. Cela me fera regagner une quinzaine de places dans la nuit, où j'ai même réussi à dormir quasi normalement. Dans la journée qui suit, j'arrive à maintenir ma place et arrive 7ème à Gijon, 4h après le premier.

Deuxième étape: Gijon - Lorient

Remise des prix dans un resto de luxe de l'arrière pays, nuits à l'hotel (impromptu, encore meilleur), 2 jours les mains dans la colle polyuréthane pour refaire l'étanchéité du tableau arrière, super paella avec les rochelais à la Casa Zarracina, petite échope dans le vieux quartier, et nous voilà reparti le lundi, avec réduction de parcours pour cause de pétole et coup de vent prévu en fin de semaine.

Dès la bouée de dégagement passée, les minis s'empressent de balancer le genak et de bourrer vers Belle Ile. Puni, j'escargote au vent sous génois. La bonne option était en fait sous le vent à l'ouest, là d'où le vent soufflera (dixit Renaud). Je naviguerai de manière aussi médiocre sur toute la 2ème étape en collant obstinément à la route, tel un hérisson écrasé. Après réflexion, j'aurais du me lacher et tenter l'option radicale de l'ouest sous spi, quitte à revenir de nulle part, toujours sous spi, pleine balle après empannage, plutot que de rester là bêtement au travers dans la molle et à la ramasse. Manqué d'audace sur ce coup là, l'âge peut-être.
Après 2 jours et 2 nuits scotchés dans la pétole, à en affaler les voiles, nous arrivons la 3ème nuit sur Penmarch, avec un joli grain qui trimballe sa traine de vent d'ouest sympa. Je me la pête enfin sous spi dans le crachin noir, je dois au moins remonter des vieux bouzins là (pardon à eux). Pas de bol, je rase un cargo de près (a close shave diraient Wallace & Gromit), spi en drapeau, manque à virer, empanne comme je te pousse, 1 heure à ramasser le chalut et la vaisselle cassée, drisse en tête. Dégouté, à 3h du mat, je te me renvoie mon petit spi de la fin du 2è millénaire, celui que je peux porter jusqu'à force 15 tellement il est défoncé mou et élastique et absorbe toute poussée vélique sans jamais la retransmettre au canote.

La ligne d'arrivée est avancée à Belle Ile plutot qu'à la Rochelle, pour éviter à la queue de la flotte de déguster dans le coup de vent attendu, m'arrachant tout espoir de regratter les quelques canotes attardés encore à portée. Mais j'ai bien mangé, peu barré et presque bien dormi, la croisière quoi (toujours jouer les fiers à l'arrivée). Bienvenue chez les sous-marins de Lorient.

Ah oui, j'ai percé un bidon de 20l en matossant. T'as pas l'air fin après. Moralité, pas mettre toutes ses eaux dans le même panier (10l max).

Marc, Shebang FRA 733

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