19/05/2009

La Mini Pavois de Benoit sur Gully Vert


Ca y est, pour ma 3eme année de participation plus ou moins assidue au calendrier mini (alternant les places de dernier et les abandons), je vais prendre le départ d’une course en solo. Cette année, j’ai cassé le cochon pour investir dans une GV et un solent neuf, enfin aux dimensions du bateau, et qui semblent être bien plus performantes que les anciennes qui étaient en plus, bien usée. L’arrivée prochaine d’une petite fille me motive d’autant plus à profiter pleinement de cette course car à partir de septembre, les quarts de nuit seront plus dédiés aux biberons.
ere étape :
j’arrive a me glisser en première ligne pour le départ, dans le petit temps, je vois que mes voiles font merveilles, et me rassurent sur les capacités du bateau. Je suis en bonne position.
Je pars route direct mes ne vais pas chercher les courants qui deviennent favorable. Au bout d’un moment, une risée apparaît au nord de la route. Comme bcp de concurrents qui m’entourent, je cède à la tentation, et vire de bord pour aller la chercher.
Une fois le vent touché, nous nous dirigeons au près bon plein vers Antioche, et je quitte le pertuis dans le gros du peloton.
Je décide de rester sur la route, voir légèrement au nord. Mais la nuit tombant, je vois que tous les concurrents se sont laissé glissé, et sont maintenant loin devant. J’abats donc, et prend de la vitesse dans la nuit, je barre toute la nuit, ce qui me permet de recoller à la queue de peloton. 1ere leçon apprise, il faut maximiser la vitesse du bateau et pas obligatoirement s’accrocher à la route. Cela parait tellement évident après coup. Mais je suis content : j’ai l’impression d’avoir enfin trouvé une des clefs de la performance.
Le lendemain, c’est pétole, comme prévu, bien que le vent n’a pas tournépris de l' Est comme annoncé. un peu dans le gaz suite a la nuit précédente j’avance tant bien que mal vers le but, me retrouvant parfois a 90° de la route. Je ne suis pas très lucide, et me surprend à chercher à contourner des trous de ciel bleu dans le ciel.
La nuit suivante, requinqué, et le temps s’annonçant encore pétole, je me remotive : il fait avancer au près dans le petit temps sur une mer plate, ce que j’affectionne. Je matosse tout à l’avant, je règle les voiles et vais m’allonger sous le vent à l’avant du bateau, télécommande en main. Cela paye. Je peux me reposer, et le bateau avance autour de 2 nœuds durant toute la nuit. Je n’en sors que quand le vent tourne pour régler ou virer. Quand je sors la tête au petit matin, plusieurs bateaux m’entourent. Le vent se lève, je déroule le gennaker, et je les vois passer dans mon tableau arrière.
Plus qu’une journée de navigation. Le vent adonne, le spi semble plus propice, et je le monte à la place du gennaker. Erreur, le vent est trop faible, et la houle le fait régulièrement voler d’une amure a l’autre. Cela ne manque pas, il s’enroule autour du bout dehors, qui le perce. Je décide donc d’affaler, de repartir sous gennaker, quitte a lofer plus. Il est prévu que le vent rentre par le nord ouest, c’est donc une bonne opportunitée pour se repositionner sur le nord de la route direct afin de profiter de la bascule. L’option est bonne, mais dans la précipitation, j’oubli d’empanner avant la route direct, pour profiter de la rotation sur le dernier bord. Conséquence, après 10 mille environs, (il m’en reste une vingtaine) le vent tourne, et je ne peut plus tenir le spi :il faut que je passe au gennaker. Du coup, je ne profite pas de mon positionnement. La terre en vu, je vois 3 bateaux qui viennent sous spi sur l’autre amure. Il ne faut rien lâcher, je dois pouvoir encore passer devant eux. Rapide coup d’œil sur la carte de l’arrivée, et je retourne a la barre, vérifiant régulièrement le compas. 1 ou 2 degré d’écart, c’est négligeable et je pense repérer a terre la baie de l’arrivé. Je navigue donc plus qu’a vu, jusqu’au moment ou la trajectoire des autres me semble suspect : je vérifie le compas et la carte : je pointe sur la bais d’a coté, j’abat de 30°, et reviens au portant : le gennaker n’est plus la bonne voile, je perd en vitesse, et vois les 3 bateaux me passer devant.
Bilan des opérations de cette dernière journée, j’ai perdu environ ½ heure au classement, mais j’ai une nouvelle fois l’impression d’avoir compris quelque chose avec la gestion de la bascule de vent.


2eme étape.
Encore plus motivé par ce que j’ai compris pendant la 1ere étape, je prend un départ canon, et je sors de la boué de dégagement en bonne position, parmi les meilleurs série. Je tente de partir sur route direct mais voyant plusieurs concurrent monter leur gennaker, je repense aux leçons de la 1ere étape et conclue rapidement qu’il est plus profitable d’abattre un peu pour pouvoir utiliser cette voile, plus puissante, même si je ne connais pas les angles de vents de mes voiles. Une fois montée, j’abat beaucoup plus que les autres. Le temps de régler la voile, (ce qui ne fut pas évident car les réglages du pilote changés pendant l’étape le rendait instable) je me retrouve en compagnie de Matthieu (219) Henri (539) et manu (389), qui étaient beaucoup plus sous le vent que moi au départ.
Tout se passe correctement pendant les 2 1ere journées. Le petit temps la nuit s’enchaine avec des vents modérés le jour. Les positions s’étalent en largeur à l’ouest de la route, suivant les options. C’est après la seconde nuit que nous sortons enfin de la pétole. Le vent de sud tant attendu arrive. Les spi se gonflent sur une mer plate, et nous avançons enfin sur le but (kareg greis) a bonne vitesse. Les conditions sont si bonnes que l’on peut se reposer sans difficultés sous pilote, le batteries se rechargent avec le soleil. Nous sommes un groupe de 5 à 6 bateaux, tous à vu.
La nuit qui arrive est importante. Une bascule de vent arrive avec un front froid. Il va donc falloir être vigilant. Je me motive, mange bien, m’habille chaudement, et décide d’empanner à 0H00 pour aller chercher la bascule. Minuit approche, je me remémore l’arrivée d la 1ere étape : ne vais-je pas empanner top tard ? Je décide d’anticiper d’une demi-heure à la faveur d’une oscillation du vent que j’interprète comme le début de la bascule. Mais je m’endors, et au moment de croiser la route direct, je me réveille en sursaut. Je regarde le GPS, et réalise que le vent n’a pas tourné encore. Je me dit qu’il ne fallait pas virer, et rester au sud de la trajectoire, ayant peur que le vent reste Sud ouest, ce qui m’obligerai à tirer des bord une fois au nord de la route. Je repasse une nouvelle fois a coté d’autres concurrents resté sur la droite de la trajectoire, j’en vois un empanner, et décide de faire de même, finalement.
C'est à ce moment qu’on entend parler du la neutralisation de la course aux Birvideaux, ce qui ampute la seconde étape de 140 miles environs, ce qui me perturbe un peu car j'attendait fermemeent les vents soutenu de la descente vers la rochelle.
Quelques heures après, la bascule arrive. Le vent tourne dans un premier temps en prenant encore plus de sud, puis tourne franchement a l’ouest. Et nous nous retrouvons à 3 bateaux à vue, travers au vent. Je comprends alors, que mes hésitations de minuit étaient pure montage de tête. Si je ne m’étais pas révisé, je serais au portant pleine balle vers la bouée à contourner.
Pire que cela, je n’arrive pas à tenir le travers, même sous petit spi. Le passage d’un vieux 3 mat qui m’oblige à abattre encore pour éviter la collision accélère ma décision : je passe sous gennaker, voyant ainsi ceux avec qui j’étais partir. La fatigue aidant, je m’emmêle les pinceaux et met plus de temps que d’habitude pour changer de voile.
Je baisse alors les bras et passe en mode croisière dans ma tête. Le vent qui tourne de nouveau dans le mauvais sens pour le gennaker à l’approche de la bouée enfonce le clou.
Je contourne la bouée avec Marc (733), je repars avec le gennaker sous un angle que je pensais bon, et vois marc me passer sous Genois. Je réalise alors que j’ai fait toute la remontée du golf avec un mauvais angle au vent. Le clou s’enfonce encore plus.
Nous passons les Glénans, la trajectoire m’a entre temps permis d’abattre un peu (10°) , ce qui m’a permis de repasser devant lui, mais il faut que je change de voile car la trajectoire s’infléchie suffisamment a la boué qui n'est plus loin pour être au portant : n’ayant pas de gennaker, Marc a directement mis le spi de brise en ayant tout le temps de le préparer puisqu’il était sous genois. Nous passons finalement la jument des Glénans cote à cote, sous spi. De brise pour lui, Lourd pour moi.
Je n’arrive pas à le tenir gonflé aussi abattu que marc, qui me passe sous pilote alors que je suis à la barre, essayant de maintenir une belle oreille dans le spi pourtant plus grand. J’essaye de loffer pour prendre de la vitesse, mais rien n’y fait. On ne voit déjà plus le clou tant il est profond.
Je décide tout de même de faire de la vitesse et de m’écarter de lui: au moins le bateau part au planning, je me fais plaisir, et le spi tiens en place.
Le vent forci de plus en plus, la vitesse aussi, je fini par faire un cocotier. Je monte à l’avant pour enlever le spi, je tente de le relancer, il passe à l’eau et je dois le remonter pendant qu’il chalute. Je décide de le renvoyer une dernière fois ne voulant pas m’arrêter sur un échec, et ça marche enfin. Mais le vent forcissant encore, je suis contraint de l’affaler de nouveau pour finir sous génois et GV 1 riz. Je suis très loin et passe avec les tous derniers la ligne d’arrivée, qui a été déplacée aux Birvideaux
Encore quelques heures de près (solent 1riz, + GV 2 ris) pour arriver a Lorient ou les bateaux sont accueilli, qui me donnent l’occasion d’essayer mes nouvelles voiles (enfin) par 25 nœuds de vent, et de réaliser à quel point la différence est notable par rapport aux anciennes, dans cette configuration.

Epilogue :
Déçu de ma (mes) fin de course, je ressasse amèrement toute la journée suivante ce qui s’est passé. Je réalise petit à petit que j’ai eu des gestes en dépit du bon sens, me mettant parfois en danger (pas accroché, pendu au spi à l’avant pour le détortiller par 20 nœuds de vent), je ne me suis plus alimenté, n’ai pas bu, et suis resté rivé à la barre toute la dernière journée.
Je commence à faire le parallèle avec mes activités sportives précédente, et me retrouve face à la réalité. Même si la voile est moins physique que le cyclisme, je continu a faire des hypoglycémies réactionnelles (post prandiales pour les experts) , et je vois alors toutes mes mésaventure de mini défiler : ma chute à l’eau lors de ma 1ere sortie solo, des entrainements finis avec des difficultés à faire une addition simple, et des articulations bloquées, une irritabilité excessive, des pertes de bon sens et le non respect des gestes de sécurité élémentaire. Tous ces symptômes qui pourraient a chaque fois être dus au manque de sommeil, mais qui, après une rapide analyse, ont disparu après m'être alimenté.
La question se pose donc a moi de manière douloureuse.
Quand je fais des hypoglycémies, je n’en suis pas conscient, et mon jugement est altéré, je me mets en danger, perdant le sens des priorités, je refuse de m'alimenter, et évite tout changement quel qu'il soit. Dans le meilleur des cas, je prends des décisions mauvaises pour la course, quand j'arrive à en prendre, car il m'arrive parfois de ne plus pouvoir faire une simple soustraction.
Serais je donc capable de les éviter ? Sachant que cela passe par une alimentation régulière (toutes les 2 heures), une régulation sans faille de ma motivation (surtout pas de sur-motivation), et que le coté aléatoires des conditions de navigation en compétition va à l’encontre de cela ? et si jj'ai le mal de mer? je ne m’alimenterai plus, m’enfonçant dans un cercle vicieux ?
Je vais bientôt être papa, de nouvelles responsabilités m'incombant, et je dois encore moins jouer avec ma sécurité.
Il faut donc que je m’équipe d’une balise personnelle très rapidement car je ne peux garantir éviter ces situations.
Une solution, mais la moins agréable, serait d’arrêter les compétitions, et de continuer le minib en mode croisière aventure. Dans cette onfiguration, le rythme est celui que l'on choisi. C’est la solution qui s’était petit à petit imposée en cyclisme. Rien ne m’empêche d’aller aux açores tout seul, avec une balise de positionnement pour la sécurité. Les compétitions ne sont finalement qu'un cadre institutionnel dans lequel des dirigeants, organisateur, etc... prennent des décisions que nous ne sommes pas (encore) assez mature pour prendre seul, Nous empêchant de céder a des facilités, qu'elles soient financière, liées au temps disponible, etc... D'un autre coté, la confrontation aux autres est le seul moyen efficace de progresser, surtout en solo, et c'est ce que permet la compétition

Sur le plan financier aussi cela aurai des avantages, car j’ai bien vu l’impact d’un jeu de voile non adapté sur mes résultats, et changer 4 voiles en bordure libre, cela un cout... quel intérêt de faire de la compétition si c’est pour finir derrière ? J’aurai autant de plaisir, si ce n’est plus, à le faire tout seul, avec en plus le sentiment gratifiant de gérer à 100% le projet.

Je sais qu’il faut que j’arrive à m’installer dans une routine de vie a bord, que j’ai mes petites habitudes, pour limiter les hypoglycémies, et donc plus je navigue, mieux c’est. L’important n’étant pas de faire marcher le bateau, mais de passer du temps à bord, pour créer des réflexes forts, qui rythment ma navigation quelles que soient les conditions, mais cela demande du temps, et en début de saison. Aurais-je assez de congés entre ma petite famille, et la voile pour faire cela? Dois je pour cela renoncer aux courses de début de saison, Ce que j'avais finalement fait en cyclisme, mais avec succès ?

Avant de tirer des conclusions il y a le trophée MAP. Je devrais donc profiter du temps passé en navigation sur le mini pavois. Il faut déjà que je reprenne les réflexes alimentaires que j'avais pris en cyclisme. On verra ce qui s’y passe.

En conclusion, cette course fut finalement extrêmement riche en informations. Trop peut être, car il faut du temps pour tout digérer.

Benoit

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