Preparation du depart a La Rochelle
Pas trop de gros travaux. Carenage, reparation du gelcoat cote tribord,antifouling et peinture fluo sur les appendices. Pose des cale-pieds. Confection d´un spi de brise par All Purpose (le precedent datait de 2003), un 2eme etage de toiles a matosser a l´interieur. Approvisionnement complet pour la pile a combustible, avitaillement en nourriture, plats liophylises, eau, vivres fraiches, tout est ok maintenant.
Adoption
La veille de l´entree dans le bassin des chalutiers, Flo et moi nous apprenons qu´on nous propose un enfant a adopter (nous attendions depuis 3 ans). Il s´appelle Pierre, 5 ans, depuis 2 ans en orphelinat a Bogotta en Colombie. Gros boulversement. 2 nuits a gamberger pour savoir si je dois encore prendre le depart ou renoncer. Sur le calendrier, nous irions en Colombie avec Flo et Adelie ma fille a la toussaint, ce qui correspond a l´arrivee prevue a Bahia. Finalement je decide d´aller au bout. Tout le monde me soutient, y compris l´agence de l´adoption. Je peux partir serein. Arriver au bout devient d´autant plus important: Je traverse l´atlantique pour aller chercher mon fils...
Depart de La Rochelle
Nous partons finalement a 85. Fabien Meyer, le dernier qualifie encore sur liste d´attente est integre au reste de la flotte. Le depart a lieu par grand soleil, mais pas mal de vent. 1 puis 2 ris et solent arrise pour une bonne securite au depart. Il y a de la casse entre plusieurs concurrents, mais globalement l´ensemble de la flotte se dirige vers le pertuis d´Antioche au portant sous spi a bonne vitesse.
Guerre des tranchees dans le golfe de Gascogne
La premiere nuit et 2eme journee seront assez physiques avec une mer cassante, des accelerations, des vracs, de la difficulte a rentrer dans le rythme de la course et l´obsession de ne pas peter de materiel prematurement. Pas mal de concurrents allument, prennent des risques et a la VHF, c´est la litanie de tous les problemes rencontres par les plus audacieux et malchanceux, les bris de safran, les ascensions dans le mat pour liberer des lambeaux de spi, l´interieur des bateaux remplis par des vagues, etc...
Ceux qui partent au front le couteau entre les dents vont aussi au casse pipe.Je reste bien sagement a l´arriere. J´ai decide d´assurer et de naviguer sous-toile, tout le temps en configuration gerable par le pilote et de ne tirer ni sur le bonhomme ni sur le canote. Je me retrouve dans les 30emes (sur 49).
Je passerai bien au large du cap Finisterre, dans le flux, apres avoir franchi le rail des cargos, mer forte mais gerable. 1er empannage apres 3 jours.
Arrivee a Funchal
Un peu avant Lisbonne, le vent et la mer se calment. On passe d´un regime de forte brise avec grosse mer a petole. Le moral remonte meme si le manque de vent n´est pas forcement plus facile a gerer que la baston. Le vent est tres mou et plein cul. Difficile de bien avancer. Le grand spi ne porte pas. Je finis par mettre la grand-voile et le code 5 en ciseaux. Du coup j´aurai une trace assez courte. Courte mais pas tres rapide. La temperature monte sensiblement un peu plus chaque jour. On voit des daurades, des tortues marines, et toujours autant de dauphins. Les ciels la nuit sont magnifiques. Pour la premiere fois, j´arrive a observer a l´oeil nu la galaxie d´Andromede dans la constellation de Cassiopee (a terre, on ne peut la distinguer qu´aux jumelles, par ciel pur).
Derniere nuit tres speed, on repasse d´un regime de petole a de la brise musclee. Je me reveille soudain en pleine nuit, 15 noeuds de vent, surpris que le bateau ne marche qu´a 6 noeuds sous spi. 2 heures a batailler pour recuperer le grand spi pris dans un cocotier monstrueux. Le vent continura a forcir et se stabilisera vers 20-25 noeuds dans la journee.
L´atterissage sur Porto-Santo puis Madere, au relief tres marque, est vraiment magique. J´ai l´impression de me retrouver dans Peter-Pan en train de voler vers
l´ile des pirates. Il ne manque plus qu´un vieux galion. Ici la realite se superpose a mes reves de gosses. Le passage de la pointe de Madere est l´occasion d´un regroupement de bateaux. Nous sommes une demi douzaine a nous tirer la bourre comme des malades, surfs, rafales a 30 nds, vracs, a quelques encablures de la cotes et ses hautes falaises.
Surtout tenir jusqu´a la fin, rester concentre. La derniere pointe est franchie,
la jetee est en vue. le vent tombe maintenant completement. Ca tamponne. Un proto espagnol est scotche la depuis presqu´une heure, degoute. Je passe la ligne en meme temps que Franck Colin sur le proto 614, qui a du s´arreter a la Corogne.
Bilan provisoire
J´ai assure. Je suis a Madere en forme (pas assez perdu de poids !), sans m´être fait peur, et en ayant rien casse. Simplement quelques patches a coller sur des points de raguage dans les voiles. Mon rêve est intact, et un autre est venu se telescoper avec le premier. Dans les longues discussions enflammees, biere a la main, avec les autres skippers, je mesure l´etendue de ce qu´il me reste a apprendre pour bien maitriser ces merveilleux bateaux. Je vais continuer a naviguer sur ma lancee, a mon rythme, sans me prendre la tete sur le classement,et en appreciant chaque seconde.
Il se peut aussi que je seche la remise des prix a Bahia pour aller direct en
Colombie a l´arrivee.
Marc 733
25/09/2009
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