02/05/2009

La Select de Benoit sur Kalonig


Déception et satisfaction
A 10h50, je quitte le ponton pour me rendre sur la ligne de départ de la Select 650, première régate de la saison, réputée pour etre une des plus dure physiquement. La météo est parfaite, 15 noeuds d'ouest et un magnifique soleil. Le signal préparatoire est donnée, on est à 8 minutes du coup de canon et je suis un peu loin de la ligne. Du coup, je ne peux pas me placer à ma guise et je rate totalement mon départ. Ce n'est pas très grave car on part pour au minimum 60 heures de course. Je suis extrèmement lent, je pense avoir des algues dans la quille mais je ne vois rien, j'effectue tout de même une marche arrière pour nettoyer tout ca (nous avons supprimé la perche du bateau cet hiver ce qui semble etre une erreur), je suis toujours aussi lent... Je pense alors que c'est les bateaux qui me précedent qui pertubent mon vent et surtout que je barre et règle mal le bateau, je continue comme ca en me reconcentrant. Après une heure et demi de lenteur et d'interrogations, à la suite d'un virement de bord, je vois sortir à l'arrière du bateau un sac poubelle qui était donc coincé dans la quille! Le bateau retrouve de la vitesse et le problème est donc réglé sauf que je suis dernier de la flotte!
Nous nous dirigeons désormais vers le passage entre Belle Ile, l'ile de Houat et l'ile d'Hoedic, 1er passage tactique du parcours. La vieille, lors de la préparation météo et tactique, nos avions conclu avec Xavier Macaire (futur vainqueur) qu'il pourrait etre iinteressant de passer à proximité de Belle Ile. Cependant, la météo est légèrement différente aux prévisions et je décide de passer de l'autre coté, juste à coté de Hoedic, Houat et des courants de la Teignouze. Etant en queue de flotte, le risque est faible et cela va payer, je double en effet une quinzaine de bateau et le moral revient!
Second passage tactique, le tour de Belle Ile, il fait alors nuit depuis 2 bonnes humeur et je vois la flotte passer très loin de Belle Ile. Je ne comprends pas ce choix car il me semble qu'il faut raser Belle Ile au plus près. La encore, je pars isolé dans mon option et pour la seconde fois, je fais une bonne opération car je double une nouvelle quinzaine de bateaux. Je suis définitivement revenu dans le match.
Approche alors la descente vers l'ile d'Yeu, il faut choisir la bonne voile. J'hésite entre genaker et code5, par anticipation, j'opte finallement pour cette dernière car le vent doit très légèrement adonné dans la nuit, de plus, elle est plus facile à manoeuvrer ce qui me permet d'économiser un peu de fatigue. Au début de la descente, il est confirmé que l'angle bateau/vent est un peu fermé pour cette voile et il est donc risqué de laisser le bateau entre les mains du pilote automatique pour aller dormir. Je reste à la barre et à l'écoute, je suis rapide et je double encore des solitaires. Par la suite, vers 4h du matin, l'adonnante annoncée est la et je peux donc aller dormir profondément 4 fois 30 minutes.
La soleil se lève à mon arrivée sur l'ile d'Yeu. Une fois la pointe passée, j'envoi le petit spi le temps de longer la cote sud de l'ile avant d'envoyer le grand spi pour descendre vers Port Bourgenay. Dans la manoeuvre je passe 2 nouveaux concurents. La descente vers Bourgenay se fait sans difficulté et sous un magnifique soleil, heureusement, la crème solaire était à bord!
En approche de Bourgenay où un pointage est prévu, j'entends les conversations à la VHF du comité de courses et de certains concurents, je comprends qu'après 150 milles, je ne suis qu'à 3 milles de la tète de course et dans le top 10. Tout va donc pour le mieux, j'ai peu dormi mais très bien et je ne me sens pas fatigué.
Une longue remontée au prés nous attend dans beaucoup de houle, soit un calvaire sur nos bateaux. Une fois la bouée de Bourgenay passée, alors que plusieurs bateaux partent vers la cote, je pars au large pour éviter la baie des Sables d'Olonne et ses vagues. 2 heures plus tard, je croise devant le 612 qui était passé juste devant moi à Bourgenay, encore 1 place de gagnée. Je commence prématurément à me dire que je suis bien parti pour faire un excellent résultat. Pour les heures à venir, je n'attends pas de changement météo et donc aucun coups tactiques à jouer. Il serait donc l'heure d'aller se reposer, cependant, dans ces conditions de houle, le pilote automatique barre médiocrement et je refuse de laisser filer du temps comme ca. Je reste donc coller à la barre dans un vent qui monte (20 noeuds) et une mer qui devient grosse et je gagne encore quelques places, je suis 7eme juste derrière le Nacira de Sylvain Pontu.
Nous revoila à l'ile d'Yeu et les creux font environ 3 mêtres, le ciel s'est chargé et il y a des nuages de grains un peu partout. Je me retrouve pris en étau entre la pointe de Yeu et un grain. J'enchaine donc les virements de bords pour passer entre les deux et, à chaque fois, je déplace l'ensemble du matériel dans le bateau pour équilibrer les poids. Après avoir passer la pointe, je sors extenué de cette scéance. La nuit vient de tomber et il est temps d'aller dormir mais comme tout à l'heure, le pilote n'est pas très performant. En plus d'etre très lent, il fait taper le bateau dans chaque vague. Je suis incapable de dormir dans ces conditions mais il faut vraiment que je récupère des 4 heures de manoeuvres qui ont précédées. Je décide de de modifier ma trajectoire, je perdrai un peu de temps sur les premiers mais le bateau devrait etre un peu plus confortable. Malgré cela, le bateau retombe toujours violemment à chaque vague. Rien à faire, malgrè la fatigue, je suis incapable de dormir et je suis dans l'impasse. Le vent est à 20 noeuds, 25-30 sous les grains et cela ne changera plus avant la fin de la course, de plus, la mer va encore grossir. Si je suis incapable de dormir maintenant, est ce que je le serai plus tard? Avec cette question, je comprends qu'il va étre presque impossible de récupérer. Je me tiens difficilement debout et je commence à ne plus être très lucide, cela devient donc dangereux. La mort dans l'ame, je décide d'abandonner et de rentrer au port.

Au final, il reste une grande deception car j'ai craqué dès la seconde nuit. Certes, j'ai aquis de l'expérience au cours de ma première saison mais c'est encore loin d'etre suffisant. Je ne dors pas assez et surtout, je suis incapable de trouver le sommeil dès que les conditions deviennent un peu dures. Je pense aussi que je ne me nourris pas correctement ce qui engendre ces coups de barre. De plus, ce gros de fatigue est aussi lié à un manque de préparation physique certain. Tout cela ternit un peu mon bon classement car si j'ai pu doublé autant de solitaires c'est justement car ils se reposaient. Cependant, je suis très content de ma tactique, j'ai fait peu d'erreur et pris de belles options ce qui est nouveau. De plus, j'ai fait preuve d'une très bonne vitesse sur l'eau, certes le bateau est rapide mais je pense aussi que le travail en entrainement à la barre et aux réglages porte ses fruits.
A cette grande deception, succède donc plein d'espoir, il me reste un point faible majeur mais certaines forces apparaissent. Par conséquent, je n'ai qu'une envie, me présenter à la prochaine régate pour profiter de cette échec et faire un bon résultat. Ce sera à Douarnenez début juin pour le trophée Marie Agnès Peron.

Benoit Laurière

Source Team Kalonig

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