16/08/2009

2009+Marc+Shebang+grosse motivation=Caïpirinha


Enorme tout simplement, le déroulement de cette fin de saison de Marc sur Shebang, pour la petite histoire, sur cette dernière Transgascogne, lors de la deuxième étape, il a mené la course pendant plus de 48h avec une option seul à l'Est, risqué, osé, fallait le faire tout simplement, même si le final n'a pas suivi, Chapeau Marc.
Récit:
"Une saveur particulière pour cette course en Espagne. D'abord retour sur le contexte:
Après avoir rêvé pendant des années d'océans et de courses au large, j'arrive enfin à aligner les planètes Tune, Job, Voyage et Famille. Je commence à veillir (42 ans), mais ça va encore. Combien de fois de telles occasions vont-elles se présenter ? Je débranche la prise, passe sur batterie, et décide de vivre enfin ce rêve. Ma compagne et ma fille sont avec moi. Elles me disent qu'elles me préfèrent avec une étincelle dans le regard.
Je fais construire un pogo2 par Structures, sorti du chantier fin mai 2008, trop tard pour rentrer sur le circuit des courses mini.
Seul dans mon coin, sans expérience du mini, ni de la compétition, je prends un peu le bateau en main et me lance dans le parcours qualificatif en me disant que ce n'est pas de la course, et si il y a le moindre problème, je serai toujours suffisamment près des côtes pour relacher. Je boucle la qualif après avoir essuyé du gros temps sur le retour d'Irlande. J'ai beaucoup appris sur le bateau et surtout sur moi.
Je m'inscris sur toutes les courses atlantiques ou presque de 2009. Incongru ? Je sais que j'ai encore tout à apprendre, que je dois me tester, m'endurcir et surtout accumuler de l'expérience et progresser sur tous les aspects, sportif, préparation, récupération, course, météo, etc...
Grâce aux entrainements d'hiver de VS17, je recontre d'autres ministes, j'apprends beaucoup, énormément (comment ai-je pu partir précédemment sans tout ce bagage), et j'atteins le niveau minimum pour m'aligner au départ et finir la Pornichet-Select puis la Mini-Pavois.
J'ai en ligne de mire la transat 2010. Lorsque cette course est annulée, et le nombre de participants sur la transat 2009 étendu, il faut prendre une décision: y aller ou pas ? Au retour du trophée MAP, 8 semaines après ma première course, je me décide enfin. Je me lance pour septembre 2009.
J'envoie ma lettre d'inscription une semaine avant la cloture, je passe sur liste d'attente, puis sur la liste des partants. Le temps s'accélère, se compresse. Il faudrait avancer la prépa du bateau, faire maintenant tout ce que j'avais prévu pour l'hiver. Mais naviguer est la meilleure préparation, le bateau et moi allons bien, je dois absolument saisir l'opportunité de cette course. Je fais juste installer un pilote de secours en prévision de la Transat, et vogue le pogo2 pour la Trans-qui-cogne, objectifs: apprendre encore, et valider...
Préparation à Port-Bourgenay
Yann, le préparateur de Yachtman, m'installe un pilote Raymarine X5/ST6002 avec vérin électrique, et switch maison pour le connecter au gyro NKE. Puis la veille du prologue, il passe toute la nuit sur le bateau de Bertrand Delesne à régler des problèmes électriques. Et embarque sur mon Shebang comme équipier pour le prologue. Des dingues, ces préparateurs (enfin celui là, j'en connais pas d'autre comme lui).
En montant le pilote, Yann découvre que mon panneau solaire n'a jamais été connecté au parc de batteries : il manque le régulateur de courant. Merci Structures, pensè-je, me remémorrant toutes les fois où, tout fier, j'orientais le panneau pour queudchi. Yann m'installera un régulateur en dépannage. Il me briefe aussi sur toute la configuration électronique et la gestion de l'énergie. Je découvre que je dispose de controleurs de batteries performants mais qui ne fonctionnent que correctement initialisés, ce qui n'avait pas été effectué à l'installation (ni expliqué). J'ai aussi un peu honte de ne m'être jamais aperçu moi-même de ces problèmes, je décide de potasser et réviser cette s... de p... d'électronique.

1ère étape: Port Bourgenay - Ribadéo (via Belle-Ile)

Le départ nous emmène de la Vendée au nord de Belle-Ile avant la grande descente vers l'Espagne. Je suis plutôt lent sur cette partie, tardant à balancer le spi en milieu de nuit pour contourner Belle Ile. Puis un vent de sud-ouest assez musclé nous barre la route, ce sera la guerre des tranchées pendant 2 jours pour atteindre la Gallice. Après Belle-Ile commmence un long bord de près d'une trentaine d'heures (!!!) dans une mer dure, à la rencontre du front et de sa bascule nord-ouest salvatrice.
Une traversée du Golfe comme dans les livres, solent arisé, 2 ris dans la grand-voile. Plusieurs abandons sur mal de mer, des chutes inquiétantes à l'intérieur et l'exterieur des bateaux, autres abandons. Je fais le gros dos, je ne barre pas trop, et attends d'être bien ammariné. Le lendemain, 3ème jour, c'est plus facile, mais tout est maintenant trempé, et nous traversons toujours du crachin compact et brumeux. Le vent finit par adonner, mollit à 15-20 noeuds, et nous envoyons le spi en route sud directe.
Nous croisons les Figaros qui sont partis la veille de la Corogne pour St Gilles (2è étape de la solitaire). Ambiance surréaliste, dans la matinée brumeuse. Signes de la main pour ceux qui sont à la barre, commentaires nostalgiques pour certains à la VHF comme quoi les bords de spi dans la brise en mini 6.50, c'est top. Merci les gars...
Lors de la descente finale, à une trentaine de milles de l'arrivée, à vue de 2 ou 3 concurrents, le speedo déraille. Il affiche une vitesse de -0.11 noeuds alors que je surfe pleine balle sous spi. Le pilote est à la rue (rappel: objectif validation pilote sous spi dans la brise). Grosse embardée, spi chaluté, très chaud la récup de la voile.
Je met ensuite en panne, à la cape, pour réparer et repartir. A cette distance j'aurai pu finir sans pilote, mais là, avant la Transat, hors de question de laisser ce problème non résolu avant de rentrer. Au bout d'une heure et demi (au jugé), après avoir coupé les batteries et rechecké plusieurs fois tout le cablage, ca repart.
Une grosse humidité, le brouillard salin, des chocs mécaniques constants au près, cela finit par générer des problèmes de contacts électriques. Je suis content d'avoir réussi à réparer en mer, même si cela me coûte 2h à l'arrivée de l'étape.
Arrivé à l'étape, j'apprends aussi qu'en cas de problème de speedo, je peux basculer le gyro sur le capteur de vitesse fond fourni par le GPS sur le bus NMEA (en s'enfonçant profond dans les menus de config). Je suis au final très content d'avoir été confronté à ces problèmes d'électronique avant la grande course.

L'étape à Ribadéo

Accueil très chaleureux des espagnols pour tous les concurrents et l'organisation. La cote de Gallice qui scotche tous les nuages en provenance du nord est aussi humide que la Normandie en octobre. Qu'importe. Grosses fêtes, tapas, cervezas, c'est à ce type d'escales que les coureurs partagent le plus, fatigue oubliée, euphoriques, grisés avant même la première gorgée (alors à la 10éme...). Instants précieux et irremplaçables. Digne accueil du dernier de la flotte, acclamé comme le vainqueur du Vendée globe, avec les vainqueurs en protos qui iront amarrer le canote, le ranger, plier ses voiles, respect maximum pour tous...

2ème étape: Ribadéo - Port Bourgenay

Arrivés mercredi soir, nous repartons samedi midi, après 2 jours de repos (euh, non de fiesta). Au menu : du nord-est 15-20 noeuds pour commencer puis du vent nord-ouest mollissant vers la fin. Du près comme à l'aller.
Choix stratégique: tirer au nord pour chercher une bascule et débouler plein pot sur la Vendée, ou bien rester sur la route directe, voire même un peu au sud, et minimiser la distance. La puissance de la dorsale sera le juge de paix. Je choisirai la 2ème option, tout seul à virer vers l'est une heure après le départ, et surpris de l'être. Je me retrouverai ainsi sans contact VHF et plus aucun repère avec la flotte jusqu'au lundi matin. Drôle de situation, pas facile à gérer, où il faut se concentrer sur la marche du bateau sans pouvoir se situer par rapport à la flotte. Il faut vraiment de la niaque, tout seul, pour remettre du charbon sans incitation exterieure. J'avoue que j'ai du un peu tirer au flanc parfois, et perdre des précieux milles. Mais encore une fois très bonne expérience engrangée avant une course où ce type de situation risque de se reproduire maintes fois.
Parfois, selon l'état de mon moral, je m'imaginais en tête jusqu'au bout, les autres ne virant qu'à la hauteur de l'ile d'Yeu puis s'empétolant. Ou bien l'inverse, espérant juste ne pas arriver hors-temps, soit 20 heures après le 1er. Au final, j'arriverai 8éme de l'étape, pas mal, mais pas extraordinaire non plus. Je me dis après coup que c'était bien tenté, mais qu'il aurait fallu y mettre plus de conviction...
Dans le bord de près assez cassant lui aussi, mon support de pile fixé à l'époxy sur le plancher s'est décollé, mettant la pile en rideau. Cela donne une idée des sollicitations que font subir aux bateaux ces longs bords de près. La pile repartira, après avoir été sanglée correctement.
Je suis finalement très satisfait de la course, de toute l'expérience irremplaçable engrangée, de l'ambiance de l'escale à Ribadeo. Je suis un peu moins ignare quant à mon bateau. Je vais bien finir par en tirer quelque chose, non mais...

Et maintenant, à donf dans la prépa finale de la Transat: coque, voiles et gréement à réviser, matelotage, avitaillement, cartes, matos de rechange, et éventuellement un peu de repos...

Marc
FRA 733

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